

Dimitri Daniloff
Fils de sculpteur, Dimitri Daniloff (1970) a développé une conscience du corps depuis son plus jeune âge. Il cultive depuis un rapport particulier à la texture et à la matérialité.
Fasciné par les possibilités qu’offre la technique, il expérimente la chambre photographique 4x5 au début de sa carrière, et se tourne ensuite vers la pratique numérique. Un virage puisqu’il intervient, pour la première fois, sur ses images. Il compose de nouvelles scènes de vie en assemblant des éléments bruts, et des modèles réels – en trouvant toujours un juste équilibre, entre authenticité et fiction. En témoignent ses images réalisées pour une campagne pour PlayStation : des corps déconstruits s’entrechoquent, et interpellent.
Autre tournant dans le parcours de cet artiste intarissable : sa collaboration avec le groupe de musique électronique Daft Punk. À l’occasion du projet Virtual Girl (2008), il intègre des créations 3D dans ses prises de vue existantes, et propose ainsi sa vision de l’humain augmenté. Quelques années plus tard, Dimitri Daniloff s’intéresse à la photogrammétrie – procédé qui consiste à créer des mesures dans une scène, et construire, grâce à un logiciel, un modèle 3D à partir d’une série de points de vue différents.
En intégrant cette technique dans sa pratique, il introduit le monde virtuel dans le monde réel. Il crée, en collaboration avec l’artiste plasticien Tamal De Canela, L’humain illimité, un projet autour d’un personnage virtuel, pourtant ancré dans la réalité. Débarrassé de son enveloppe corporelle, le modèle – mi-homme, mi-dieu –repousse les limites de l’image 2D, du corps, et de la pensée. Dans cet espace-temps indéfini, les frontières n’existent plus, et l’homme – et ses extensions – retrouve son indépendance. Le Prométhée moderne dispose d’autant de masques qu’il existe d’identités.
« Donnez-lui un masque et il vous dira la vérité », ironisait Oscar Wilde. Le monde des apparences entraîne Dimitri Daniloff à interroger les failles de l’être, ce qui fait résistance. Et dans cette quête, l’artiste s’entoure d’autres spécialistes : danseur, architecte, décorateur ou encore graphiste. Dévoiler la vulnérabilité de l’Homme devient un acte politique qui renverse l’espace scénique. Plus qu’un artiste plasticien, Dimitri Daniloff s’impose alors comme un sculpteur du réel.






